Comment rendre l'intelligence émotionnelle concrète et applicable au quotidien ?
- Cyrill Burri
- 26 mai
- 3 min de lecture
Interview et article de Cyrill Burri, Digital Facets
Dans mon activité de communicant et d’entrepreneur, je suis régulièrement confronté à des situations exigeantes : stress, pression, imprévus, décisions rapides. C’est ce qui m’a amené à m’intéresser à l’intelligence émotionnelle. Pas comme concept abstrait, mais comme outil concret pour mieux travailler et mieux vivre ses journées. J’ai donc profité de ma collaboration avec Alain Christinet, consultant en ressources humaines et fondateur d’Ethical HR, pour explorer cela avec lui.
L'intelligence émotionnelle reste un concept assez flou pour beaucoup. Qu'est-ce qui vous a donné envie d'en faire un axe fort de votre travail ?
« Le développement personnel est une matière qui m'a toujours passionné. Dans ce domaine, j'ai suivi de nombreuses formations, fait des recherches, et rencontré des personnes d'exception dans ce domaine. Je pouvais être émotionnellement très réactif, parfois anxieux et manquant de sérénité. Mon objectif était d'apprendre à vivre les choses avec plus de calme et de distance. »
C'est en animant une formation sur la gestion du stress pour des formateurs et des conférenciers qu'il se rend compte qu'il doit traduire cette conviction en techniques concrètes. Il commence à structurer une méthode, en se concentrant sur les moments de trac et de pression.
« Je me suis dit : si on arrive à gérer des moments aussi sensibles qu'une prise de parole en public, alors on peut aussi adapter ces techniques à d'autres situations. Un entretien avec un manager, un rendez-vous client, une négociation difficile... L'idée était de trouver des clés pour aborder ce genre de situations avec plus de sérénité et de rendre globalement sa journée plus paisible. »
Vous parlez souvent de routines. C'est une façon de rendre l'intelligence émotionnelle "entraînable" ?
« Absolument. Ce sont des rituels, des gestes simples, répétés chaque jour. Respirer consciemment, reformuler ses pensées, organiser ses journées... Tout cela permet de diminuer la pression moyenne. Et plus on les répète, plus ils deviennent naturels. »
Et concrètement, comment cela se passe-t-il dans un coaching ?
Alain distingue deux types d'accompagnements : les personnes proches de l'épuisement, qui cherchent à retrouver de la stabilité, et celles qui veulent mieux gérer des situations précises (conflits, entretiens, prises de parole...).
« Pour les premières, on travaille sur le quotidien : sport, respiration, routines positives. Pour les secondes, on prépare des situations ciblées avec des outils comme la visualisation ou l'ancrage. Et souvent, les deux se complètent. »
Il insiste aussi sur l’importance de la condition physique.
« Il ne s'agit pas de devenir sportif de haut niveau. Mais si on veut tenir sur la durée et résister aux pics émotionnels intenses, il faut travailler son endurance et sa résistance physique. En tant qu'ancien professeur de sport, je peux même accompagner les personnes sur le terrain, pour les aider à retrouver le plaisir du mouvement. »
Comment ça se passe dans les séminaires, quand il y a plusieurs participant·es ?
« Le premier élément est de partir de leurs attentes. Ce n'est pas une formation théorique et figée : elle s'adapte aux besoins. Et surtout, on pratique. Pas juste des conseils, mais des exercices qu'on vit ensemble. »
Visualisation, respiration, ancrage… chaque méthode est testée pendant le séminaire. Et si possible, hors des locaux de l’entreprise.
« Sortir du cadre permet de mieux se déconnecter. On travaille mieux dans un environnement un peu à l'écart, où on peut vraiment se concentrer sur soi. »
Enfin, il souligne le rôle de l’intelligence collective.
« Chacun·e apporte ses expériences. Parfois, une astuce venue d’un·e participant·e est plus parlante qu’une méthode issue d’un livre. C'est très riche. »
Quels sont les effets que vous observez chez les personnes que vous accompagnez ?
« Ce qui revient souvent, c'est une forme de transformation discrète mais profonde. Moins de réactivité émotionnelle, plus de recul, plus de calme. Les gens prennent conscience qu’ils ont des leviers sur leur état général. C'est très libérateur. Je pense à un directeur commercial que j’ai accompagné dans le cadre de la préparation d’un assessment important. Il avait besoin d’être au meilleur de lui-même, détendu, clair, présent. Grâce aux techniques qu’on a mises en place ensemble, il a pu mobiliser ses compétences sans être parasité par le stress. »
Que l’on soit entrepreneur, cadre, enseignant ou simplement confronté aux exigences du quotidien, développer son intelligence émotionnelle n’a rien d’accessoire. C’est un levier discret mais puissant pour faire face aux tensions, garder le cap, et rester aligné avec soi-même dans un monde souvent exigeant.
Ethical HR
