Trouver l'équilibre : un enjeu stratégique pour les entreprises et leurs collaborateurs
- Alain Christinet
- il y a 2 jours
- 3 min de lecture
Longtemps considéré comme un sujet « personnel », l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée s’impose aujourd’hui comme un véritable levier de performance durable. Dans un monde du travail marqué par l’accélération des rythmes, la pression des objectifs et la digitalisation des interactions, il ne s’agit plus seulement d’une affaire d’organisation individuelle, mais d’un enjeu collectif qui touche aussi bien les collaborateurs que les directions. C’est dans ce contexte que les entreprises sont appelées à repenser leurs pratiques, à la fois pour améliorer la qualité de vie au travail, renforcer leur attractivité et développer leur performance.

Pourquoi agir sur l’équilibre vie professionnelle – vie privée ?
Cet équilibre ne relève pas d’un luxe ou d’une revendication individuelle : il constitue un besoin fondamental dont dépendent la santé, la motivation et la capacité à s’engager dans la durée. Les collaborateurs qui parviennent à concilier leurs différents rôles de vie (professionnels, familiaux, sociaux, personnels) développent une meilleure concentration, une plus grande efficacité et une envie plus forte de contribuer aux projets de leur entreprise.
Du côté des employeurs, les effets sont tout aussi tangibles : baisse de l’absentéisme, réduction du turnover, climat social apaisé, engagement accru, attractivité renforcée. Le message est clair : favoriser cet équilibre n’est pas une charge supplémentaire, mais un investissement stratégique.
Quand le déséquilibre devient un risque
À l’inverse, les conséquences d’un déséquilibre chronique peuvent être lourdes, tant pour les individus que pour l’organisation. Symptômes de stress, difficultés de concentration, tensions relationnelles, perte d’énergie, sentiment d’injustice… Autant de signes avant-coureurs d’un mal-être au travail, pouvant aller jusqu’à des formes d’épuisement professionnel. L’entreprise, de son côté, voit sa productivité diminuer, ses coûts indirects augmenter et sa réputation s’éroder.
En Suisse, la proportion de personnes se déclarant stressées au travail est passée de 18 % en 2012 à 23 % en 2022, et plus de la moitié d’entre elles (53 %) rapportent un état d’épuisement émotionnel, indicateur reconnu de risque de burnout (source : OFS, Enquête suisse sur la santé, 2024).
Un constat appuyé par la recherche
Une étude majeure menée par Ellen Ernst Kossek et ses collègues ("Work-Life Balance and Organizational Outcomes: A Meta-Analysis", Journal of Management, 2013) a analysé les effets de politiques de conciliation sur les résultats des entreprises. Conclusion : les organisations qui mettent en place des mesures concrètes en faveur de l’équilibre obtiennent de meilleurs résultats en termes de satisfaction, de bien-être, de fidélisation et de performance globale. Un soutien perçu de la part de l’employeur agit comme un amplificateur de motivation.
Des bonnes pratiques à la portée de tous
Côté employeur :
- Mettre en place des formes de travail flexibles (télétravail, temps partiel, horaires adaptés) ;
- Encourager une culture de la confiance et du droit à la déconnexion ;
- Former les managers à la gestion responsable des charges et des priorités ;
- Offrir des services de soutien (coaching, conseils, programme de santé) ;
- Valoriser les résultats plutôt que la présence.
Côté collaborateur :
- Clarifier ses besoins et savoir poser des limites claires ;
- Planifier ses journées de manière réaliste ;
- Prendre de vraies pauses, déconnecter en dehors du travail ;
- Utiliser ses jours de congé et s’accorder des moments de ressourcement ;
- Dialoguer avec son manager en cas de surcharge ou de conflit de priorités.
Pour l'essentiel
Favoriser l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ne relève ni d’une tendance ni d’une faveur accordée aux collaborateurs. C’est un axe de performance durable, une condition de santé collective et un choix stratégique. En mettant en place des pratiques concrètes et adaptées au contexte suisse, les entreprises ont tout à gagner : des collaborateurs plus engagés, une organisation plus résiliente, et une culture interne fondée sur le respect, la responsabilité et la confiance.
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